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Nous allons voir la restauration d'un des premiers Spirou. Comme vous le savez, les 8 premiers numéros avaient un format particulier. Ils correspondaient +/- à un format A3.
Ils ont d'autres particularités. Une de celles-ci est la rareté et donc la valeur de ces recueils. Ils ont été imprimés juste avant la guerre. Ce numéro 7 est d'ailleurs sorti après l'invasion allemande. Il débute par le fascicule 34 car les fascicules 20 à 33 n'existent pas ! L'imprimerie Dupuis avait cessé l'impression après le le 9 mai et a repris la parution de son journal le 22 août avec ce numéro 34.
La grande difficulté que l'on peut rencontrer avec ces albums est de retrouver des pièces détachées, c'est-à-dire des fascicules. De plus, c'est généralement les numéros charnières (le premier et le dernier de chaque album) qui ont les premiers souffert des manipulations. Dans l'exemple ci-dessous, ces deux numéros charnières sont très abîmés et il manque d'ailleurs les pages centrales du 34. De plus la couverture est en morceaux. N'espérez pas retrouver ces pages ou alors à des prix exhorbitants.
C'est tout l'intérêt de cet exemple. Je vais vous montrer comment récupérer les albums en très mauvais état.

Une première photo de l'album. Il a été retrouvé en très mauvais état. Il a certainement traîné sans protection de longues années dans un grenier.

 

Le premier plat est décollé en grande partie. De plus, les manques sont importants.

 

La question à se poser est de savoir si on garde les morceaux ou si on remplace tout par la photocopie d'une autre couverture. Dans l'esprit d'une restauration, on va garder un maximum de l'original.

 

Dans ce cas, le plus simple est de scanner un album en bon état et de réimprimer les parties à remplacer. Vous devez faire appel à un logiciel de traitement d'images. Ici, j'ai travaillé avec Gimp.

 

Vous pouvez rencontrer deux difficultés. La première, c'est l'échelle de l'image. Il faut que les parties imprimées aient la même dimension. La deuxième, la couleur ! Suivant la conservation des albums, certains jaunissent, d'autres se salissent. Là aussi, les corrections apportées par Gimp seront très utiles.

 

Le but est de glisser les réparations sous l'original. Ces morceaux sont donc grossièrement découpés en laissant 1 ou 2 cm qui se chevaucheront. La déchirure de l'original est loin d'être franche ! La solution serait de couper proprement celle-ci au niveau de la corde, mais il n'y a pas de règle, c'est au cas par cas.

 

Idem pour la partie blanche pour laquelle les couleurs sont trop différentes

 

J'ai donc pris la décision d'opérer une découpe au niveau de la corde...

 

... et du bas de l'image.

 

Il ne reste plus qu'à coller la réparation avec la Tylose ou avec une colle d'amidon.Il faut être très attentif au positionnement de la pîèce. On peut s'en assurer en rabattant l'original et en vérifant que les deux concordent parfaitement.

 

Et on reproduit la même opération tout autour ! Ici vous voyez le trait de crayon qui correspond au manque de matière.

 

Et la même pièce découpée et recollée. J'ai travaillé avec de la colle d'amidon et j'ai utilisé un fer à repasser en intercalant un morceau de visseline. La raison est simple, il y a trop de morceaux à ajouter et il faut être certain que ceux-ci ne bougeront pas.

 

On passe à la réparation du coin gauche.

Le côté gauche étant terminé, j'ai recollé la photo originale toujours avec de la colle d'amidon.

 

Comme vous le voyez sur cette photo, la découpe de l'original à la hauteur de la corde du ring et du bas de l'image permet de rendre la réparation plus discrète.

 

Toujours la même opération mais pour le côté droit.

Et une vue d'ensemble du résultat. Il reste à améliorer les différences de teintes entre les réparations et l'image initiale qui était très sale ! Mais un peu de coloriage atténueront ces différences.

 

La première partie de la restauration est terminée. Je place quelques poids sur la couverture pour lui redonner un surface plus plane et éviter les déformations.

Passons à la reliure des fascicules.

 

Curieusement, elle a beaucoup moins souffert que le premier plat. Comme dans la plupart des cas, ce sont les numéros charnières qui ont subi le plus de dégâts. Je vous l'avais dit en introduction, il est très rare de les trouver en fascicule seul. Il faudra donc passer du temps à les réparer.

L'arrière du cahier avec les feuilles détachées dont les bords ressemblent plus à de la dentelle qu'à du papier

 

Plus rien de secret, les réparations sont identiques à celles déjà expliquées dans les ateliers précédents. On utilise du papier Japon. Dans cet exemple, j'ai utilisé du papier un peu plus épais (30 gr) et de couleur crème.

 

Le résultat extérieur...

 

... et intérieur de la première feuille du dernier fascicule.

Un exemple de la fameuse dentelle qu'on retrouve dans ces anciens albums. Il faut réparer en utilsant un Japon de 30 gr un peu crème, ne pas avoir peur de faire déborder la réparation.

Avec une latte, vous découpez soigneusement le papier Japon et vous devriez obtenir ce résultat. Si vous hésitez, retournez voir l'atelier "Réparation d'un fascicule". La même méthode y est abordée à une plus petite échelle mais le principe est identique.

 

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